Sonotone

Du New Jersey, l’histoire retiendra deux choses: que cet état, dont le seul intérêt réside dans sa proximité avec New York, aura été fréquenté (pour ses rivages) par des mecs dont même la marque Abercrombie & Fitch ne veut pas comme ambassadeurs et des filles autobronzées, et (pour ses garages) par des nerds au talent musical incroyable. En l’espèce, The Feelies, Yo La Tengo, et aujourd’hui Big Trouble ou Real Estate. Si l’on ajoute à ce noyau dur quelques références comme R.E.M, Felt ou The Go-Betweens, le registre se précise: pop songs aux contours flous, mordorées comme un soleil de début de soirée en été, avec cette exigence de construction, cette attention constante au son, par laquelle rien ne semble avoir été laissé au hasard. Le seul désavantage d’un tel parti pris consiste en une relative monotonie des chansons. Mais celles qui sortent du lot sont tout bonnement merveilleuses, comme Green Aisles, Easy, la happy-sad All The Same et en particulier It’s Real, carte de visite parfaite et tube absolu, entre Nick Drake et Shack. C’est en partie grâce à cette chanson que l’on peut décerner sans hésitation à Real Estate le titre de meilleure surprise pop de l’automne.