Sonotone

Sharon Van Etten

Tramp

Jagjaguwar

Rock


par Gaspard Turin

Sharon Van Etten, nouveau joyau de la couronne folk américaine, adoubée par Aaron Dessner (The National) ou Zach Condon (Beirut), a les défauts de ses qualités. Du moins c'est ce qu'on dit quand, comme moi, on n’entre pas facilement dans un album pourtant admirable. Dans l’ensemble, Tramp est le récit d’un vagabondage émotionnel exalté mais banal; le parcours d’une écorchée vive qui possède une vie normale mais qui en bave. Alors Sharon pleure (Ask), Sharon souffre (I’m Wrong) Sharon n’est pas à l’aise dans la foule (We Are Fine), Sharon n’aime pas voir sa gueule le matin (Serpents). En petite sœur électrique de Cat Power, Sharon Van Etten est une chanteuse qui, on l’aura compris, privilégie l’émotionnel à toute autre approche musicale. La voix, tendue et intrusive, mixée assez isolément, très au centre et de plus souvent doublée ou triplée, monopolise l’attention et parfois le malaise de l’auditeur. Heureusement, la chanteuse a un sens exceptionnel des arrangements et de la mélodie, comme en témoignent l’hymne central All I Can, une Magic Chords à la rythmique (batterie-voix) tout simplement fantastique ou la lumineuse Leonard. Alors certes, ce disque est avant tout thérapique (et on lui souhaite tout de bon), et peut-être sera-t-il à déconseiller aux bien-portants qui souhaitent le rester. Pas besoin pour autant d’être anorexique ou suicidaire pour apprécier ce Tramp, dont j’ai envie de dire (pardon) qu’il est tout simplement super.

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