Sonotone

Trailer Trash Tracys

Ester

Double Six Records

Pop


par Gaspard Turin

Voici l’une des premières belles découvertes de l’année. Quand la shoegaze ne se prend pas au sérieux (ce qui est de nos jours presque une contradiction dans les termes), cela peut donner un album aussi bienvenu que cet Ester. Le disque a deux facettes. Sur la première, il subit assez monstrueusement l’influence de la b.-o. de Twin Peaks – pas moins de trois chansons (You Wish You Were Red, Candy Girl et Turkish Heights), sans en être directement des reprises, citent avec obsession les quatre célèbres notes du Falling de Julee Cruise. La seconde est encore plus jouissive: on y assiste à la transformation d’un chaos rythmique expérimental en chansons pop parfaites, une association dont jusqu’à présent seuls les Magnetic Fields au meilleur de leur forme semblaient capables. C’est par exemple la géniale Dies In 55, ou une Engelhardt’s Arizona absurdement construite sur un riff de guitare en tapping, qui fait nappe en arrière-fond d’une langoureuse bossa. Ajoutez à cela un soupçon de Deerhunter (Starlatine – ce titre, mes aïeux, pourquoi pas Blondeplatine), une grosse pincée de Still Corners (le shoegazing mélancolique de la voix) et un flagrant délit de Flaming Lips (la batterie de Strangling Good Guys), et vous avez un disque, sinon complètement cohérent – on n’a rien sans rien – du moins extrêmement écoutable, de bout en bout.

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