Mr. Oizo
Stade 2
Ed Banger
Beats
par Gaspard Turin
Mr. Oizo fait dire d’entrée de disque, à une voix digitale complètement idiote, qu’il ne sait pas exactement ce qu’il vient d’enregistrer. Eh bien, on peut lui répondre: à peu près la même chose que ses précédents disques, ce qui est à la fois une mauvaise et une bonne nouvelle. Par exemple, il continue d’insulter son public dans Douche Beat, qu’il ponctue d’un régulier «beat for the douches» («rythme pour les connards») faisant écho à son fameux «vous êtes des animaux» de Positif (2008) et peut-être, au niveau du titre, à Vagiclean (2005). On ne sait pas vraiment, peut-être parce qu’on n’a pas très envie de savoir comment ça se passe dans sa tête. Les titres s’enchaînent ensuite, dans la tradition de demi-schizophrénie qui est désormais sa marque de fabrique. Une folie qui a bon dos pour excuser le mode de transition dont Mr. Oizo a décidé qu’il constituerait le seul de son (ses) disque(s): le juxtaposé. Le bon côté de ce je-m’en-foutisme scandaleux: sans le vouloir, presque par-dessous la jambe, certains titres sont géniaux. A l’image du tubesque Cheeree (un clin d’œil à Suicide?), du claustrophobique France 7, où à un Oral Sax qui offre à son auditeur le plaisir masochiste de se faire enfoncer de la laine d’acier dans les oreilles. Toujours aussi minimaliste et sans concession face au monde, Mr. Oizo est à l’électro ce que Philippe Katerine est à la chanson française: un sympathique saboteur, dont on peut parfois se demander s’il ne se complaît pas un peu dans son anormalité.