Sonotone

Dominique A

Paléo Festival, Nyon


18.07.2012

par Cédric Barrat

Oublie la ville

Oublie la vitesse

Oublie l’agression verbale

Contre un arbre…

Malgré tout le soin mis par les organisateurs du Paléo pour la décoration de la plaine de l'Asse, ce que j'ai trouvé de plus beau étaient les arbres de l'avenue centrale éclairés en vert. Les arbres, comme allégorie de ces vieux ancrés par leurs racines profondes, permettant aux autres de respirer et se mettre à l'ombre des lumières aveuglantes. Depuis pile vingt ans, Dominique A cherche à aller vers les lueurs, les lumières, celles de la reconnaissance artistique et celles de la scène. L'arbre c'est lui. Sur scène il en dégage la force. Commencer à 19h45 son concert au Chapiteau réclame la capacité de faire venir le public vers lui. Le public d'un soir, venu pour la plupart voir Cure, avec à cette heure de l'apéro Others Lives, qui jouent en même temps que lui. Pire: Cure débutera avant qu'il ait fini son concert. Pour ces raisons, je n'aime pas les festivals. Pourtant j'y suis, poussant ma copine et ma mère à venir au premier rang. Le chanteur aime ces conditions, il a prévu un groupe complet, avec quintet à vent aligné au fond de la scène, faisant monter la densité du son durant les refrains.

Il enchaîne les titres de son neuvième album (chroniqué ici il y a trois mois), dont Mainstream, magnifique chanson disponible sur un double CD édition limitée. Il y est question de l'ambivalence de l'artiste face au succès. Un paradoxe, pour qui joue dans un festival où une grande partie du public le connaît peu ou pas du tout. Et 2012 est une grande année pour Dominique A, il dit vivre une des plus belles phases de sa vie, et ça se voit sur scène. Plaisir d'être là, concert parfait, paroles compréhensibles, générosité, équilibre et grande classe. La tension de sa musique se voit aussi dans son corps, nerveux, tendu, sous les lumières de la scène; sa boule à zéro mettant en valeur une nuque de taureau, prêt à charger. Nous étions, semble-t-il, tous vêtus de rouge ce soir là.

-photo Camille Voraporn Gosteli

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